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Ce que la Gestion mentale peut apporter à une personne « Dys »

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Ce que la Gestion mentale peut apporter à une personne « Dys »

Depuis fort longtemps, les personnes développant une particularité Dys s’approchent de la Gestion Mentale. Il y a 30 ans déjà que cette démarche, à l’initiative d’Antoine de la Garanderie apporte à ces personnes des solutions pertinentes. En ces temps, les diagnostics étaient compliqués à obtenir, les prises en charge peu répandues. La situation actuelle a bien changé tout cela. Et la Gestion Mentale se montre toujours aussi efficace. Elle continue d’offrir à ses accompagnés des concepts et une pratique unique où chacun peut se reconnaître dans ses ressources.

La personne qui demande l’appui de la Gestion Mentale va se découvrir dans sa globalité, et non seulement dans son « handicap ». Elle va être amenée à comprendre comment elle s’y prend pour mener ses apprentissages, en l’état où ils se font. Puis elle sera informée des gestes « techniques », mentalement parlant, pour exécuter des tâches scolaires, entraînée aussi à partir de ce qu’elle sait faire vers ce qu’elle doit faire pour l’exécution correcte des gestes mentaux. La description de ceux -ci, le dialogue pédagogique mené par l’accompagnant, lui proposent et l’accompagnent dans une introspection progressive lors de laquelle elle pourra négocier ses ressources de pensée. La référence à ses situations de réussite va la conforter dans ses choix, dans ses procédures et lui permettre de se redonner un avenir que le diagnostic a souvent assombri. Elle redevient une personne à part entière, au moins pour elle-même et souvent aussi pour son entourage, dotée de moyens de penser dont elle ignorait souvent la présence, ayant généralement développé des habiletés insoupçonnées pour compenser ses difficultés. Nous avons souvent la joie de découvrir avec elle qu’elle a des « plus ».

Le corpus conceptuel de la Gestion Mentale est particulièrement efficace. Nés d’une longue observation des récits fournis par de nombreux apprenants à propos de leur manière de gérer leurs apprentissages, les concepts d’évocation, de perception, de projet résonnent rapidement. Les personnes reconnaissent aisément qu’elles ont des perceptions préférentielles (ça passe mieux si on regarde, ou si on écoute, ou si on touche…) qui sont reprises mentalement, efficacement ou non, selon le projet qu’elles se donnent. Corriger un mot de la dictée sans se donner l’intention de faire juste la prochaine fois est totalement inefficace. Or combien se débarrassent de la correction en écrivant simplement le mot juste à la place du mot erroné !

La notion de geste mental est plus délicate et demande des développements spécifiques. Ils ont été élaborés en regard des demandes scolaires : faire attention, mémoriser, comprendre, réfléchir, imaginer créativement.  Ils installent la présence mentale (attention), la disponibilité pour le futur (mémoriser), la présence du sens( comprendre), la prise d’une décision juste(réfléchir),la saisie de la nouveauté (imaginer créativement). Ils se décrivent d’une manière précise et permettent d’analyser la réponse mentale à mettre en œuvre pour les tâches à faire.

Les recherches d’Antoine de la Garanderie se sont poursuivies sur la manière dont le sens des êtres et des choses advient aux apprenants. Les concepts d’horizon de sens, de projets de sens, de structures de projets de sens viennent enrichir les propositions pédagogiques qui permettent aux apprenants de rencontrer le sens de ce qu’ils apprennent. Tout comme l’intelligibilité des fins et des moyens a ses lois mentales  l’intelligibilité du « sens » procède de structures de projet de sens, véritables habitudes développées dès le plus jeune âge. Là où le « Dys » se vit comme une mécanique en réparation, avec son cortège d’affects et d’émotions, la Gestion mentale propose une exploration des projets de sens, dans leur agissement quotidien, afin de repasser un « contrat de vie » avec toutes les ressources découvertes. Le jeune dyspraxique, planté dans la cour de son école, se réferre aux discours-protocoles élaborés avec lui pour se diriger seul vers sa classe.  Ces protocoles respectent ses préférences : des phrases, des mots clé, des détails, des titres… .  Ils auront été testés, modifiés, apprivoisés. Ces discours auront une coloration d’explication si l’explication est pour lui une structure de sens, une coloration de finalités, de moyens, de concrétudes, de logique, selon ce qu’il a l’habitude d’agir. Il va utiliser ses discours intérieurs, parfois ses images intérieures, des ressentis pour « évoquer » le monde où il se sent, se veut, acteur. Le discours élaboré avec lui est le sien, il l’a investi et se vit là, humain comme un autre.

Si la Gestion Mentale permet de penser le handicap comme une « contingence de l’incarnation », il serait naïf de la soumettre à des exigences de performances. Et pourtant, en cela même, la Gestion Mentale se montre surprenante. Bien des tests ont été troublés par sa mise en œuvre, des critères ont été déniés de leurs certitudes par, justement, les performances. En cela elle attire et agace. Par contre elle demande une formation longue et minutieuse. Accompagner une intériorité ne peut se décréter à partir de la fréquentation de quelques lectures ou de quelques cours. Ce n’est pas une clinique, c’est un compagnonnage, une pédagogie au sens de cet esclave qui accompagnait le jeune grec. Le fait humain se caractérise par la puissance de l’apprendre ; en ce sens l’art pédagogique est le premier, avant tout autre (philosophie, sciences, techniques…). Antoine de la Garanderie, par ses travaux, nous a rendu à cette sagesse.

Béatrice Glickmann – 2019